Nous avons décidé de faire le tour de Belle-Ile-en-Mer (ou Gerveur en Breton), sac à dos, petite tente de rando, bivouac et autonomie maximale.
Le sentier côtier fait entre 85 et 95 km selon les sources, et le dénivelé total cumulé est de 2000 mètres.
Nous prenons donc fin juillet le bateau à Quiberon pour une traversée de 3/4 d’heures, direction Le Palais.
La rando se déroule sur 4 jours. Nous la faisons dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et donc à notre arrivée au Palais nous traversons l’écluse qui ferme la partie la plus abritée du port. Nous suivons le GR340 (variante Belliloise du GR34) qui commence dans la citadelle Vauban. Pour la suite, le topoguide n’est pas nécessaire, un simple plan de l’île fourni par l’office de tourisme suffit car on n’a aucun risque de se perdre… Le balisage rouge et blanc est sans ambigüité et de toutes façons le sentier longe toujours la mer.
Après plus de 3 heures de marche, Sauzon semble nous narguer. Le petit port, blotti sur la rive Ouest d’une profonde ria, ne se laisse aborder qu’après un long détour. Nous prenons là notre première pause et nous pouvons faire quelques courses et surtout le plein d’eau. Les possibilités d’approvisionnement sont rares sur le GR, et il faut les planifier soigneusement. Nous sommes abordés par d’autres randonneurs: “C’est votre 1er jour ? Nous on a fini hier, on a fait le tour en 4 jours aussi, vous verrez c’est magnifique mais la 3ème étape est très dure… Les gens sont sympas sur l’île, en cas de besoin le stop marche bien, mais si vous avez besoin d’eau il faut souvent s’éloigner du chemin et demander dans les villages. On a fait le GR20 aussi, mais ici c’est beaucoup plus cool pour bivouaquer.”
Nous poursuivons notre marche jusqu’à la pointe des Poulains. Il y a là pas mal de touristes venus en voiture ou à vélo (électriques pour la plupart… il faut dire qu’il y a pas mal de relief à Belle-Ile !). L’endroit est probablement le plus connu de l’île grâce au fortin qui fut longtemps la propriété de l’actrice Sarah Bernhardt, mais également à la plus célèbre photo de Philippe Plisson qui a immortalisé le Phare des Poulains au cours d’une tempête. Environ 2 km plus loin, après avoir longé le terrain de golf de Belle-Ile, nous choisissons de bivouaquer à l’arrière de la petite plage de Ster Vraz.
La seconde journée se déroule principalement sur la falaise, avec seulement quelques descentes au niveau de la mer. La marche est donc assez facile d’autant plus que le temps est encore un peu couvert. La côte est splendide, de hautes falaises très découpées avec à leurs pieds une mer transparente verte et bleu marine qui nous rappelle les Cyclades ou certaines zones des Antilles.
Les goélands sont très nombreux dans ce secteur, et il y a beaucoup de jeunes, de la même taille que les adultes mais facilement reconnaissables à leur plumage gris. On les voit souvent voler en binômes, le jeune suivi d’un adulte qui pousse des cris incessants, peut-être pour l’encourager. Dans ce secteur aussi le sentier est jonché de dizaines de cadavres de jeunes goélands dont il ne reste que les 2 ailes accrochées au bréchet.
Le sentier descend sur la plage du Donnant où les élèves de 2 écoles de surf guettent “la vague”. Pas de chance, la mer est très calme aujourd’hui, l’attente risque d’être longue. Nous remontons sur la falaise et passons près des Aiguilles de Port Coton où Claude Monet a peint 39 de ses tableaux. Toute cette côte Ouest est une véritable dentelle minérale faite d’îlots, de trous creusés par la mer et de grottes.
Arrivés au niveau due Port Goulphar (Bangor), nous quittons le sentier côtier pour rejoindre le village de Kervilahouen à 1 km et y faire quelques courses, puis décidons de poursuivre un peu notre chemin pour trouver une petite plage déserte pour dormir, et surtout prendre de l’avance sur l’étape suivante. Nous trouvons une jolie petite crique juste avant la plage de Kerel. Beau temps, aucun risque de pluie, nous étalons simplement les duvets sur la plage.
Le lendemain, départ matinal. Le soleil est déjà bien présent et il fait chaud. La fatigue des 26 km parcourus la veille se dissipe peu à peu mais le sentier est très accidenté, passant sans arrêt de la falaise au niveau de la mer. Beaucoup moins de goélands dans ce secteur, mais nous pouvons observer des mouettes, des sternes, des huitriers-pies et des craves à bec rouge. Nous devons passer la Pointe du Skeul et aller au moins jusqu’à Locmaria pour nous réapprovisionner. Le sentier suit la mer au plus près, descendant à la moindre crique et nous n’avons pas l’impression d’avancer. Le soleil frappe fort et nous commençons à manquer d’eau. Les 2 litres chacun achetés à Kervilahouen s’avèrent un peu juste entre la fin d’après-midi, le repas du soir (semoule qu’il a fallu faire gonfler), le petit déjeuner et la longue journée de marche. Nous arrivons enfin à Port Maria où une jolie crêperie-bar entourée d’hortensias nous tend les bras. Le village est mignon avec ses petites maisons aux couleurs pastel entourant une jolie église romane. L’épicier nous indique un ancien camping fermé mais toujours accessible à 1 km sur la route du Palais, et un autre, en fonctionnement celui-ci, environ 3 km plus loin sur le sentier. C’est celui-ci que nous choisissons, la perspective d’une bonne douche nous redonnant un sursaut d’énergie.
Pour notre dernier jour, nous prenons notre temps avant de partir puisque nous n’avons pas les impératifs horaires d’un bivouac sauvage. Cette dernière étape est finalement moins facile que ce qu’on nous en avait dit, avec encore du dénivelé, mais beaucoup moins longue que les précédentes (13 km environ). Entre Locmaria et Le Palais, la côte abrite de nombreuses plages pratiquement désertes, sable blond et eau transparente, mais nous ne nous arrêtons pas. D’une part, l’eau est encore un peu fraîche à notre goût, et d’autre part nous voulons déjeuner au Palais. Avant d’arriver, nous prenons le temps de visiter l’Aiguade Vauban ou “Belle Fontaine de Port Larron”, très beau bâtiment vouté construit à la fin du 17ème siècle. Récemment restaurée, elle abrite une citerne d’eau douce de 800 000 litres qui servait à l’approvisionnement de la flotte de guerre dont les chaloupes accostaient au pied de la falaise. L’acoustique est fabuleuse et je ne résiste pas au plaisir d’essayer quelques vocalises.
Enfin, une grosse demi-heure plus tard, nous arrivons au Palais pour reprendre des forces à la terrasse d’une pizzeria avant de flâner un peu sur le port et de reprendre le bateau pour Quiberon.
Notre avis sur le Tour de Belle-Ile:
C’est une rando absolument magnifique. Même fin juillet, les sentiers sont calmes, on croise peu de monde. Ils sont aussi très propres, les randonneurs et promeneurs qui les fréquentent semblent être des amoureux de la nature qui rapportent soigneusement tous leurs déchets avec eux. Pour diminuer la difficulté de la randonnée, il est possible d’avoir un “camp de base” au Palais par exemple, et d’y retourner chaque soir en bus, ce qui permet de ne porter que les affaires de la journée. Le matin, le même bus vous ramène où vous vous êtes arrêtés la veille. Vous pouvez ainsi faire le tour de l’île en 5 ou 6 jours. Bien sûr ce n’est pas aussi amusant qu’un trek sur 4 jours avec bivouacs, mais ça permet tout de même de voir les splendides paysages de Gerveur.
Images de Belle-Ile-en-Mer
Cliquez sur une imagette pour l’agrandir et faire défiler les photos
Lilas Gisel
Les photos sont magnifiques et la sérénité qui s’en dégage est perceptible. Je n’ai pas fait cette partie du GR34, je me suis pour l’instant limitée au golfe mais Belle-Ile-En-Mer est un de mes objectifs à moyen terme.
Kantreadez
Merci Lilas, j’espère que tu feras bientôt la partie “belliloise” du GR34, c’est à mon avis la des plus belle portion de côte de Bretagne (mais c’est assez difficile à estimer, tout dépend de la lumière, de l’état de la mer, des saisons qui recouvrent les landes de fleurs…). Bon courage en tous cas, tiens moi au courant si tu te décides.