Belle maison coloniale à Saint Laurent du Maroni

Petit tour de Guyane

Classé dans : Découverte, tourisme | 0

Qui n’a jamais rêvé en entendant ces noms tellement poétiques: Maripasula, Kourou, Cacao, Awala Yalimapo… Voici le récit d’un périple d’une quinzaine de jours en Guyane. Pour une fois nous avions tout planifié, location de voitures, hébergements, et même excursions. Il faut dire tout d’abord que la Guyane laisse peu de place à l’improvisation, surtout quand on voyage avec 3 enfants. Dans certains coins reculés les hébergements sont rares. Autant le dire tout de suite aussi, la Guyane est une destination plutôt chère, peu de petits restos bon marché, presque toutes les excursions doivent se faire en compagnie d’un guide en raison du danger que peut représenter la faune sauvage, et des distances importantes à parcourir pour aller d’un centre d’intérêt à un autre.

Awala Yalimapo: sanctuaire de ponte pour tortues marines

Une coquille vide de tortue marine sur la plage d'Awala Yalimapo

Après avoir atterri à Cayenne, nous allons directement à Awala Yalimapo, à l’extrémité ouest du territoire, au bord de l’Atlantique. La route est plutôt belle et les 230 Km se font facilement en moins de 4 heures. Awala Yalimapo (on ne s’en lasse pas!) est un tout petit village tranquille administré par des indiens, dont le principal intérêt est que plusieurs espèces de tortues marines viennent pondre sur ses rivages entre les mois d’avril et juin. Nous n’en verrons pas (fin juin, il est un peu tard), mais nous trouverons par contre des coquilles vides, vestiges d’une récente éclosion.

L’étape suivante est Saint-Laurent du Maroni, petite ville d’un peu moins de 40 000 habitants, sous-préfecture de Guyane et siège de la maternité la plus active de France… Et pour cause, il est très fréquent de rencontrer une jeune surinamaise enceinte jusqu’aux yeux venant de traverser le Maroni en pirogue pour que son bébé ait la chance de naître en France. Cette situation pose d’énormes problèmes, mais tout à fait honnêtement je ferais la même chose à leur place… Cela dit, Saint-Laurent, malgré ses jolies maisons coloniales et son environnement plutôt agréable est un patelin où l’on s’ennuie ferme, dixit un médecin installé depuis quelques années et rencontré sur place. En ce qui nous concerne, les 2 jours passés ici sont bien remplis.

Guyane - 2-Camp de la Transportation (121)

Saint-Laurent du Maroni: le Camp de la Transportation

Créé sous la révolution pour reléguer les ecclésiastiques insoumis, les bagnes de Guyane ont également très vite accueilli prisonniers politiques et condamnés de droit commun. Entre 1852 et 1938, environ 70 000 bagnards arrivant en Guyane transiteront par le camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni avant d’être répartis dans les différents camps de la région. Seuls restent à Saint-Laurent les prisonniers jugés les moins dangereux et les moins enclins à s’enfuir. Ils sont employés à l’administration, au jardinage ou à la construction. Certains graffitis sont encore visibles, parmi lesquels une signature du célèbre “Papillon” allias Henri Charrière qui a raconté ses aventures romanesques et romancées dans un énorme best-seller paru en 1969.

 

Randonnée en barque à la Crique Balaté

Plusieurs petites structures proposent cette balade, nous en choisissons une qui nous paraît très respectueuse de l’environnement et proche de la nature. C’est une excursion d’une demi-journée très agréable. Notre guide a un super coup d’œil, et il repère à plusieurs reprises des paresseux (encore appelés aïs) suspendus aux branches hautes des arbres. Il connaît bien la faune et la flore du fleuve, et répond sans hésiter à nos questions. Nous faisons plusieurs pauses. Nous accostons sur l’île aux lépreux où étaient autrefois isolés les bagnards atteints de la lèpre. Même si cet endroit est maintenant un lieu de pique-nique convivial avec ses jolis carbets et ses petites plages, il y demeure une atmosphère un peu pesante, comme si la présence de tous les malheureux ayant fini ici était encore palpable. La halte suivante est la propre maison des organisateurs du tour, entourée d’un grand jardin où vivent en liberté ou semi-liberté des animaux qu’ils ont recueillis dans diverses circonstances. Ici aussi, nombreuses explications sur l’environnement et la vie sauvage qui nous entoure. L’un des enfants repère un serpent, vert comme l’herbe sur laquelle il est lové. D’après notre hôte, il s’agit d’une espèce soit parfaitement inoffensive, soit à la morsure mortelle. Dans le doute il l’attrape à l’aide d’une longue perche et va le déposer plus loin… C’est toujours un peu irréel pour nous de réaliser que nous ne sommes pas dans notre vieille Europe aseptisée et sans danger.

 

Camp de réclusion de l’île Saint Joseph, bagne de l'île du Salut
Camp de réclusion de l’île Saint Joseph, bagne de l’île du Salut

Les îles du Salut

Pour les atteindre, il faut embarquer à Kourou. Là, plusieurs possibilités s’offrent à vous, navette, grand catamaran à voile, ou voilier plus modeste; plus lent mais tellement plus convivial. Il est aussi possible de partir de Cayenne, mais c’est beaucoup plus cher. La traversée est agréable, soleil et mer bleue, contrastant avec la couleur ocre des eaux bordant la côte, chargées de sédiments fluviaux.

On débarque d’abord sur l’île Royale, la plus grande (28 ha), la plus à l’ouest. C’est là que se trouvaient l’église et tous les bâtiments administratifs. Beaucoup ont été restaurés et abritent l’unique restaurant des îles, quelques hébergements et le musée. Beaucoup d’animaux aussi, des agoutis, des singes, des iguanes, des aras, des paons…

L’étape suivante est l’île la plus au Sud, Saint-Joseph, “bagne du bagne”, où étaient reclus les condamnés les plus rebelles et les repris de justice. Là, les bâtiments n’ont pas été restaurés mais seulement défrichés, et on sent la présence des fantômes des anciens forçats qui hantent encore les lieux. Le contraste est vraiment frappant entre ces sinistres bâtisses et la jolie petite plage bordée de cocotiers sur laquelle on va ensuite se détendre.

La journée se termine par une petite navigation entre les îles, et un passage à proximité du cachot où Albert Dreyfus est resté détenu de 1895 à 1898 dans des conditions extrêmement difficiles. L’occasion d’une petite discussion historique avec les enfants…

Ne pas oublier: bouteilles d’eau, crème solaire écran total et lunettes de soleil, serviette de bain, éventuellement pique-nique (il y a un seul resto sur place).

Exposition sur la Conquète Spatiale au Centre Spatial de Kourou

Le Centre Spatial de Kourou

Autant le dire tout de suite, à notre grande déception nous n’avons pas eu l’occasion d’assister à un lancement. Puis après en avoir discuté avec pas mal de monde, on s’est dit que finalement c’était mieux comme ça, d’une part parce que l’endroit d’où on assiste au lancement est situé loin de la base, donc on ne voit pas grand-chose, et d’autre part certaines salles ne sont évidemment alors pas accessibles. Dernier détail, les sites d’observation rapprochés (à 7,5 km) sont autorisés seulement à partir de 16 ans révolus, donc de toutes façons les enfants n’auraient pas pu en profiter.

Ceci dit, nous avons trouvé cette visite passionnante. Un guide est présent pour nous accompagner et répondre à toutes nos questions. Lorsqu’on s’assoit sur l’un des sièges de la salle de contrôle, on arrive aisément à imaginer l’effervescence et l’émotion qui entourent chacun des lancements. Nous avons aussi beaucoup aimé le musée, c’est très vivant et c’est un excellent complément à la visite du centre.

A noter: la visite est gratuite mais uniquement sur réservation et présentation d’une pièce d’identité. L’entrée au musée est payante (pas très cher).

 

Compléments à venir:

Cayenne, Maripasula, Maroni, Iracoubo, Sinnamary, Montagne aux singes, Marais de Kaw (cabiaï, oriole moriche, caïman à lunettes), Crique Gabriel, Chutes Fourgassié, Cacao

 

Images de Guyane

Cliquez sur une imagette pour l’agrandir et faire défiler les photos

 

Laisser un commentaire